
Face aux enjeux environnementaux actuels majeurs et afin de participer activement à la mise en place de stratégies de développement durable, nous allons réunir des chercheurs des sciences de la nature et des archéologues. Si les données paléo-climatiques de plus en plus nombreuses permettent de proposer des modèles fiables des climats anciens (épisodes climatiques rapides de l’Holocène, crises hydrologiques, mauvaises années agricoles…), seule une exploitation rigoureuse des données archéologiques permet d’évaluer l’impact du climat sur le développement des sociétés.
L’enseignement (Master/Doctorat et Season Schools) proposera un aperçu diachronique et transculturel des changements environnementaux majeurs, qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Les stratégies adoptées pour faire face à ces changements vont être identifiées et analysées. Lesquelles se sont avérées les plus efficaces ? Quelle fut leur portée, mais aussi leur impact sur l’organisation sociale, économique et politique ? Comment ces stratégies reflètent-elles les capacités de résilience des sociétés, des communautés, des individus ? Quel est enfin l’impact de ces changements sur les représentations collectives, les croyances, les symboles et les mythes, hier et aujourd’hui ?
Ce sont ensuite les études des cas liés aux différents terrains d’études des partenaires (opérations archéologiques, chantiers-écoles, fouilles préventives) qui vont servir de projets pilotes. Les étudiants seront impliqués dans leur mise en place et leur réalisation (stages, sujets de master et de thèse).
À titre d’exemple, la construction des terrasses, qui apparaît en Méditerranée dès l’âge du Bronze (environ – 3000 ans avant notre ère), s’avère une stratégie efficace pour lutter contre l’érosion, liée aux précipitations violentes concentrées au printemps et à l’automne. À l’heure actuelle, alors que les inondations s’intensifient à cause du réchauffement climatique, un programme de recherche international sur la datation et les techniques de construction des terrasses, couplé à un projet de sauvegarde et de développement d’un écotourisme responsable peut en découler.
La mise en culture des terroirs ruraux du Bassin parisien au cours de l’âge du Fer et de l’époque romaine a entrainé une érosion accrue des sols et a eu comme corolaire un colmatage d’un grand nombre de plaines alluviales. La préservation des zones humides est devenue actuellement un enjeu majeur pour la sauvegarde de la biodiversité.
Les modalités d’adaptation des Tuamotu (Polynésie française) à un environnement insulaire aux ressources très limitées peuvent fournir des éléments de réponse face aux défis écologiques actuels dans la région.
Les forêts, souvent perçues comme immémoriales, nous révèlent grâce à la télédétection par balayage laser (Lidar) de nombreux parcellaires, structures agraires et habitats. L’archéologie de la forêt peut ainsi renouveler notre vision de la gestion des écosystèmes dans la longue durée, aussi bien dans des zones aujourd’hui plus ou moins peuplées du territoire français qu’en Amazonie ou en Amérique centrale où sont découvertes régulièrement de nombreuses traces archéologiques de civilisations disparues.